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Le Dico de l'Instit
19 novembre 2019

Formation initiale

Formation initiale : (syn : pauvres débutants).

Quand j’explique aux jeunes collègues, tout juste sortis d’un master que j’ai été recruté en 3ème, ils ne me croient pas ! Et pourtant c’est juste la vérité. Si encore ils étaient plus performants avec leurs élèves que nous l’étions à l’époque, mais je n’en suis pas du tout certain. Leurs connaissances théoriques sont certainement plus solides, sinon ce serait désespérant. Mais les premiers contacts à leur arrivée dans l’école montrent beaucoup d’angoisse, d’insécurité dans l’organisation pédagogique et matérielle de la classe. Pour avoir discuté avec de nombreux stagiaires, la gestion concrète de la classe semble avoir été oubliée dans leur formation. Pas suffisamment de stages dans tous les différents niveaux de classes. Les cours en amphi c’est bien (un petit peu) mais le cœur du métier s’apprend sur le terrain, avec des gens qui sont en place depuis 10 ou 15 ans. La mise en œuvre des programmes en fonction du public, et des conditions locales, ne peut se faire que dans l’école avec les collègues. Personne n’explique aux débutants que les attendus de l’institution sont impossibles à atteindre dans certaines conditions ; ce qui conduit souvent à un véritable mal-être. Dans une école de l’Est lyonnais où je suis souvent intervenu, le fait de voir un CM2 faire une phrase simple correcte au présent représentait le Graal.

Je n’ai pas eu de moyens informatiques dans une école pendant 6 ans, donc la formation aux nouvelles technologies, on l’oublie. Une collègue n’avait pas de point d’eau, donc pas de peinture. Dans une école, cette année, le ménage de la salle de motricité se fait pendant le temps scolaire après 15h30, donc pas d’EPS pour certaines classes… On peut multiplier les exemples sur les transports, le matériel. Il faut donc commencer par expliquer que l’on va faire ce qui est possible. Les stagiaires découvrent tout cela et tombent des nues !

Une véritable formation initiale performante devrait faire la part belle (au moins 80% du temps à une immersion dans les classes, de la maternelle à la SEGPA, en passant par l’IME et l’ULIS. Et puis messieurs et mesdames les formateurs, arrêtez de demander aux jeunes collègues de remplir des kilomètres de fiches de préparation. Cela ne les rend pas plus efficaces ; ils s’y noient. Je n’ai pas trop supporté des remarques sur la pédagogie différenciée de la part de formateurs qui ne l’avaient jamais mise en œuvre dans leur classe, quittée 15 ans avant.

Je repense souvent à un vieil instit qui m’a guidé au début. Il m’a dit ceci : « tu me diras quel est ton niveau de classe et je te donnerai tous les cahiers qui vont avec. » Il avait tout compris ; il m’a sécurisé et progressivement au fil des mois, j’ai construit mon propre chemin. Cette démarche est encore plus vraie avec les CP, bien qu’en principe un débutant ne puisse prendre de CP (en principe seulement). Il existe des méthodes très cadrées, fournies « clés en mains » qui vont sécuriser tout le monde : l’instit, les enfants, et les parents. Malheureusement, j’ai trop vu de conseillers pédagogiques ou inspecteurs, noyer des collègues dans des usines à gaz.

Une chose est certaine : il est beaucoup plus difficile de débuter aujourd’hui qu’il y a quarante ans. Les enfants sont bien plus compliqués à gérer ; les relations avec les familles se sont beaucoup tendues, et la hiérarchie se plait à submerger les enseignants sous des tonnes de paperasses inutiles. Aujourd’hui, tu sors de ta classe pour observer une haie, il te faut écrire un projet de plusieurs pages et demander l’autorisation. Manifestement, les futurs professeurs des écoles n’y sont pas bien préparés.

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