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Le Dico de l'Instit
19 novembre 2019

Jeunes collègues

Jeunes collègues : (syn : sacrifiés).

Vous êtes jeunes, inexpérimentés, vous avez tout à construire, et bien l’éducation nationale va vous envoyer là où c’est le plus compliqué. Je ne connais pas d’organisation, association, entreprise ou même armée qui applique le même système. Sans oublier des parents qui se permettront certaines remarques ou comportements qu’ils n’auraient pas avec des vieux de la vieille. Il va donc falloir que ces jeunes débutants et le plus souvent débutantes mangent leur pain noir en premier. Pour avoir accompagné un certain nombre d’entre elles, j’ai pu remarquer le grand climat d’insécurité qui était le leur chaque jour ; et toutes les difficultés auxquelles elles devaient faire face.

Tout d’abord une insuffisance de formation concrète. Comme je l’ai déjà dit plus avant, les débutants manquent de stages suffisamment longs dans tous les niveaux d’enseignement qu’ils sont amenés à rencontrer. Personne pour leur apprendre à gérer une coopérative, à effectuer des commandes de matériel, à construire des PPRE, des PAI, des GEVASCO. Qui leur a expliqué comment mener une réunion avec les parents ? Tout cela, et bien autre chose, ils vont le découvrir trop tard, au moment où ils auront à le faire. Et bien entendu, ils devront aller à la pêche aux informations auprès de leurs collègues pendant les récréations où au moment des repas ; même si 2 ou 3 fois dans l’année, ils reçoivent la visite d’un conseiller pédagogique.

Il n’est pas rare, au bout de quelques mois, de voir des vocations vaciller devant l’amoncellement des difficultés. Et pourtant dans la grande majorité des cas, j’ai rencontré des gens très investis, travaillant beaucoup, sacrifiant leurs weekends, et leurs soirées au profit de leur classe. Ils accumulent ainsi beaucoup de fatigue, avec un retour sur investissement pas toujours favorable. Ce faisant, ils découvrent un des aspects importants de ce métier qui consiste à n’avoir jamais fini. C’est un puits sans fond dans lequel on peut facilement se laisser engloutir.

Il faut aujourd’hui une bonne dose de courage pour se lancer dans cette profession après 5 ans d’études pour un salaire pas si loin du SMIC ; et d’aucuns s’étonnent du manque de candidats !

Une chose que les nouveaux enseignants doivent savoir : aujourd'hui les enfants ont toujours raison et sont soutenus par leurs parents pratiquement tout le temps. Quant aux IEN et autres, n'en attendez aucun soutien, vous serez seuls ; des évènements tragiques viennent de nous le rappeler.

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