Pédagogie

            Pédagogie : (syn : tout sauf une science exacte)

Combien de propos péremptoires et définitifs ai-je pu entendre au cours de ma carrière ? Qu’ils viennent des politiques, des mouvements pédagogiques, des formateurs, des IEN et des collègues, il y en a eu beaucoup. Il y a eu des modes pour tout : les contenus de programmes, les manuels, les modes de regroupements, la disposition du mobilier, etc… Et à chaque fois, brave petit soldat, j’étais censé obéir pour rentrer dans les clous et être « up to date » !

Mais la pédagogie mise en place dans une classe est plus compliquée que cela. Tout d’abord, elle ne se décrète pas de l’extérieur. Un truisme fréquemment entendu, dit que l’on enseigne d’abord avec ce que l’on est avant d’enseigner avec ce que l’on sait. Mes nombreuses années de remplacement m’ont montré que dans certaines organisations de classes, je ne trouvais pas ma place. Lorsque je voyais défiler au bureau chaque enfant avec un plan de travail individuel, et qu’il fallait expliquer ou corriger successivement et en quelques minutes, de la géométrie, de l’histoire ou de l’orthographe, je n’y arrivais pas. J’avais l’impression d’être une girouette. Cela veut-il dire pour autant que la personne que je remplaçais était critiquable ? Evidemment non. Elle y avait trouvé un équilibre et une cohérence, ce qui n’était pas mon cas.

J’ai vu beaucoup d’organisations, d’outils, d’évaluations différents. Ils étaient le fruit d’un compromis entre les connaissances de l’enseignant et sa propre personnalité.

Les dernières recommandations ministérielles, avec les livrets de « bonne pratique » sont d’une bêtise insondable. Elles partent du principe que la pédagogie serait une science exacte, parfaitement normée, et qu’il suffirait d’appliquer des recettes toutes faites, venues d’en haut, pour que tous les enfants apprennent. Quelle stupidité, énoncée par des gens qui n’ont jamais mis les pieds dans une classe. Mais la réalité à la vie dure, et je ne doute pas que les prochains résultats, notamment aux tests internationaux, confirmeront qu’il ne suffit pas d’envoyer des petites bibles ministérielles pour les choses s’améliorent. La grande différence de canaux d’apprentissage chez les enfants, ne peut se satisfaire d’une simple méthode, élaborée par un chercheur sur la foi de statistiques. Il est là aussi le rôle du pédagogue, que de savoir s’adapter aux différents profils qu’il a en face de lui. C’est un travail sur l’humain. Les différentes données qu’il reçoit de la part des neurosciences, par exemple, ne sont qu’un élément constitutif de la pédagogie qu’il mettra en place.

En tout cas, je disais toujours aux débutants avec lesquels je discutais : « si tu ne te sens pas à l’aise avec quelque chose, ne le fais pas ; ou cela ne sera satisfaisant ni pour les enfants, ni pour toi ».