Réserve

            Réserve (syn : nirvana ministériel)

Vous constatez tous les jours des dysfonctionnements, des manques, des incompétences, surtout, n’en parlez pas. Cette culture du secret, de l’omerta, est établie depuis bien longtemps à l’Education Nationale. Sous couvert de neutralité républicaine, la hiérarchie demande de mettre sous le tapis les manquements en tous genres. Et cela peut aller loin. Récemment, un collègue, conseiller municipal, s’est vu adresser une lettre d’admonestation, au motif qu’il s’était exprimé sur une radio. Lors du suicide d’un enseignant, il a été demandé à ses collègues de ne pas communiquer avec la presse. A chaque fois, le devoir de réserve est brandi, et vidé de son contenu.

Que l’on ne fasse pas état de ses opinions politiques, syndicales ou religieuses dans le cadre de la classe est parfaitement normal et accepté. Cela ne fait pas pour autant des enseignants, des citoyens de seconde zone, qui n’auraient plus le droit de participer à la vie de la cité. C’est pourtant ce qu’essaie de mettre en place le ministre actuel, dans l’article 1 de sa nouvelle loi. Nombreux sont ceux qui subissent des pressions hiérarchiques pour les obliger à se taire. Cependant, pour bien connaître mes collègues, ils savent se montrer très inventifs dans toutes les circonstances. Il y a quelques semaines, une IEN avait exigé la disparition d’une banderole très critique, aux abords d’une école ; c’est curieux, le lendemain, elle était revenue quelques mètres plus loin !