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Le Dico de l'Instit
19 novembre 2019

Sortie scolaire

            Sortie scolaire : (syn : le pire n’est jamais sûr, ou loi de Murphy).

Mon parcours personnel n’y est sûrement pas étranger, mais lorsqu’en cours de formation à l’Ecole Normale, j’ai fait la connaissance des classes de découvertes, j’ai tout de suite compris l’immense intérêt pédagogique qu’elles représentaient. L’apprentissage ne se basait plus seulement sur des livres et des exercices, mais surtout sur des expériences de vie. Les répercussions pour les élèves dépassant largement le cadre de la classe. Les retours des enfants, de leurs familles et des enseignants ont confirmé cet état de fait, car même après de nombreuses années, lorsque l’on évoque une année d’école, la classe de découverte est citée immédiatement.

Ma carrière d’enseignant a donc commencé par quelques années dans les Hautes Pyrénées, dans un centre accueillant des classes de décembre à juin. Classe de neige de décembre jusqu’à Pâques, et classe « verte » ensuite. A l’époque les enfants y passaient trois semaines ! Impossible aujourd’hui. Notre rôle d’instituteur détaché, consistait à travailler avec ces classes et leur enseignant en insistant tout particulièrement sur le milieu naturel et les activités humaines. C’est pendant cette période que j’ai vraiment appris mon métier, et notamment la gestion d’un groupe d’enfants, dans et en dehors de la classe. De nombreux professeurs actuels sont en déficit là-dessus car ils n’ont aucune expérience d’animateur, ce qui s’avère très utile au quotidien. D’ailleurs, des stages dans des structures d’animation faisaient partie de la formation quand j’étais à l’Ecole Normale. Ce n’est malheureusement plus le cas.

Convaincu des bienfaits d’une telle expérience, j’ai organisé, à chaque fois que je l’ai pu, des sorties scolaires plus ou moins longues. En quatre décennies, j’ai mesuré combien l’organisation de ces projets était devenue compliquée et onéreuse. Dans les années 70 ou 80, il était encore possible de partir avec sa classe, dans un gîte, en emmenant des parents pour faire les repas, et après avoir établi les menus avec les élèves. Il était aussi possible de faire pratiquer le ski, la randonnée ou l’escalade, sans brevet d’état. J’ai retrouvé des projets pédagogiques de l’époque, qui tenaient sur une page, et pouvaient être rédigés en quelques minutes ! Est-ce pour autant la qualité des apprentissages était moindre, sûrement pas.

Aujourd’hui, les normes d’encadrement, et les procédures administratives ont transformé ces sorties en parcours d’embûches qui nécessitent plusieurs mois de travail. La judiciarisation de la société fait que chacun essaie de se protéger au maximum pour éviter de finir au tribunal. Moralité, le nombre de classes de découverte ne cesse de reculer, beaucoup de centres d’accueil ont fermé.

En pensant améliorer les choses, on a fait exactement le contraire, au détriment des premiers concernés : les enfants. Mais les décideurs s’en soucient si peu.

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