Postace
Postface
Voilà, c’est fini. Si l’on considère que l’on peut en avoir fini avec ses souvenirs. Il me semblait important de conserver quelques traces, des quarante années de ma vie d’instit. Un jour, c’est sûr, la mémoire s’effilochera, et je compte sur ces lignes pour me remémorer les bons et mauvais moments, comme autant de ponctuations d’une carrière ; même si ce mot me semble particulièrement mal choisi pour ce qui me concerne.
Cela fait maintenant un an que j’ai quitté ma classe. Il y a quelques jours je suis allé dire au revoir à mes derniers élèves, car ils vont définitivement laisser l’école pour entrer au collège. Je leur avais promis. Difficile d’analyser cette étrange sensation. Le sentiment d’être un intrus, même si leur accueil et celui de leurs parents fut chaleureux. Je crois pouvoir dire que je n’y retournerai pas, malgré l’affection que je porte à mes collègues.
La lecture des réseaux sociaux et les contacts que j’ai encore dans la profession me laissent à penser qu’une souffrance sourde s’installe peu à peu. Difficile de voir ses collègues confrontées à des difficultés, et ne pas être là pour les aider à les affronter. C’est ainsi, il faut accepter de ne plus faire partie du jeu, avec toutefois la certitude d’avoir beaucoup donné…