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Le Dico de l'Instit
19 novembre 2019

Z'anecdotes-1

            Z’anecdotes : (syn : j’étais là).

Sortie de l’école, deux ados attrapent une instit en lui collant un bidon d’essence à côté de la figure : « Si tu ne laisses pas M… tranquille, on te crame. » Durée de l’action quinze secondes, devant des parents et des enfants, personne n’a rien vu, pas de suite.

 

Le remplaçant vient de se garer devant l’école. Nous lui disons que ce n’est pas une bonne idée. Trop tard, ses vitres viennent d’exploser et son ordinateur n’est plus là. Lorsque j’interviens dans certaines écoles, je me gare loin, de préférence sur un grand parking, pour que ma voiture ne soit pas identifiée. Je fais croire que j’arrive en bus.

 

Aujourd’hui nous allons au gymnase. Trois cents mètres à faire. Je me retourne et vois deux gamins dans une voiture. Ils viennent de l’ouvrir en moins d’une minute. Pratique en cas de perte de clés.

 

« Tu sais, si tu me fais chier mon père va venir te casser la gueule ».
 Je suis dans ce CE1 depuis une minute, appelé pour un remplacement.
            - Impossible, ton père vient de partir en tôle. »
Il aura droit à une traversée de classe sans toucher par terre avec atterrissage brutal sur sa chaise. Il faut dire qu’une heure plus tôt, le père était entré dans la cour et avait frappé violemment l’instit avant d’être arrêté. L’inspection n’avait pas jugé utile de me prévenir de la situation.

 

Dans cette école, toutes les portes sont en métal et les vitres en plexiglass. La consigne est de ne jamais laisser une porte ouverte, et de fermer systématiquement chaque porte durant un déplacement. Chacun se trimballe avec un trousseau, comme dans une prison. Ce jour-là, départ pour le gymnase. De retour en classe, mes affaires personnelles ont disparu, pourtant la porte était fermée. Erreur fatale, nous sommes en juin, il fait chaud, et une fenêtre est restée ouverte. Au premier étage, je pensais être tranquille. Des gamins sont rentrés dans l’enceinte de l’école et ont escaladé un étage. Ils sont repartis par le même chemin.

 

Classe de CP. Je suis en train d’écrire au tableau. Et comme on dit dans les mauvais romans, le silence devient assourdissant. Je me retourne et vois trois ados tenant des survêtements dans les mains. « On a vu que vous étiez souvent habillé comme ça, alors on s’est dit que ça pourrait vous intéresser. » Si je les mets dehors, ça va partir en vrac et il y a quand même vingt-cinq gamins dans la classe. Donc attitude cool : « c’est sympa d’avoir pensé à moi, en ce moment je n’ai besoin de rien, mais plus tard pourquoi pas. Merci les gars, salut » et grosse suée.

 

Hier j’ai acheté un autoradio pour ma nouvelle voiture. C’est dommage, un de mes élèves de CM2 vient m’en proposer un très bien pour un prix dérisoire. Si seulement j’avais attendu un peu… Ce garçon s’est spécialisé dans l’automobile, car je le vois de temps en temps conduire une voiture dans le quartier !

 

Nous sommes en juin, il fait chaud, et dans cette petite école de gitans (désolé j’aurais dû dire gens du voyage), perdue au milieu des marais, l’ambiance est quelque peu nonchalante. D’habitude ils viennent à l’école quand ils veulent, mais là, ce n’est plus très souvent. Ils me mettent directement le marché en main : « soit on joue à la pétanque, soit on s’en va. » OK, je pense qu’on va jouer à la pétanque, car partir de l’école, ça ne leur pose aucun problème. Ils font ce qu’ils veulent, quand ils veulent. Ce matin une petite de maternelle est arrivée au portail et a dit à sa mère qu’elle ne voulait pas aller à l’école. Réponse de la mère : « Mais qu’est-ce qu’on fait là ? » Et elles sont parties. Dans quelques jours, les plus grands quitteront l’école pour ne plus jamais y retourner ; pas question pour eux d’aller au collège. Quand je leur demande pourquoi, ils me regardent avec un grand sourire : « cours par correspondance » !

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